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Peter Lindbergh
Biographie-
Peter Brodbeck naît le 23 novembre 1944 à Lissa en Pologne (ville annexée à l’Allemagne au sein du Reichsgau Wartheland de 1939 à 1945, aujourd'hui Leszno)1. Son père est marchand de bonbons2. Il passe son enfance à Duisbourg, « une enfance simple, sans superflu, puisqu'il n'avait rien à Duisburg » précise-t-il1. Adolescent, il travaille comme décorateur étalagiste pour les grands magasins Karstadt et Horten à Duisbourg. Comme il vient d’une région de l’Allemagne située près de la frontière avec les Pays-Bas, la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, il passe les vacances d’été en famille sur la côte néerlandaise, près de Noordwijk. Les vastes plages néerlandaises de même que les quartiers industriels de Duisbourg où grandit Peter Brodbeck auront une profonde influence sur son œuvre au fil de ans. Au début des années 1960, il déménage à Lucerne et, quelques mois plus tard, à Berlin, où il s’inscrit à l'Académie des arts de Berlin2. Suivant les traces de son idole, Vincent van Gogh, il se rend à Arles en auto-stop2. Il se souvient de ces années : « Je préférais m’inspirer de Van Gogh, mon idole, plutôt que de peindre les portraits et les paysages imposés dans les écoles d’art ». Après avoir passé plusieurs mois à Arles, il poursuit son périple, qui durera deux ans, en Espagne et au Maroc3.
À son retour en Allemagne, il étudie l’art abstrait à l’école d’art de Krefeld, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Il découvre Joseph Kosuth et l'art conceptuel, qui le marqueront. Avant l’obtention de son diplôme, il est invité à présenter ses œuvres à la prestigieuse galerie d’avant-garde Denise René-Hans Mayer. Après s’être installé à Düsseldorf, il se tourne vers la photographie et travaille deux ans comme assistant du photographe allemand Hans Lux : « c'était un photographe commercial dénué d'ambition, mais un type très humain. Il m'a tout montré […] Travailler avec lui a été très important pour moi » commente-t-il2. Puis il ouvre son propre studio en 1973. Rapidement il devient « la comète de la publicité allemande »2. Sa réputation grandit en Allemagne, et il se joint alors à l’équipe du magazine Stern, où il côtoie les photographes légendaires que sont Helmut Newton, Guy Bourdin et Hans Feurer4,5. Quelques années plus tard, il s'installe à Paris1.
Il meurt le 3 septembre 20196,7.
Photographie-
Il crée une nouvelle forme de réalisme en redéfinissant les canons de la beauté grâce à des images intemporelles marquées par l’influence de photographes documentaires, de photographes ambulants et de photojournalistes comme Dorothea Lange, Henri Cartier-Bresson et Garry Winogrand, même si ses maîtres restent André Kertész, Richard Avedon ou Irving Penn2. Son approche humaniste et son idéalisation de la femme le distinguent des autres photographes : en effet, Peter Lindbergh s’intéresse avant tout à l’âme et à la personnalité de ses sujets. Convaincu que l’intérêt d’un sujet réside ailleurs que dans son âge, il bouscule les normes de la photographie de mode à une époque où l’on a l’habitude d’exagérément retoucher les images. En 2014, Peter Lindbergh explique en entrevue que « la responsabilité des photographes, aujourd’hui, doit être de libérer les femmes et, en somme, tout le monde, de la hantise de la jeunesse et de la perfection8[source insuffisante]».
Peter Lindbergh photographie ses sujets dans un état pur, « en toute honnêteté », loin de tous les stéréotypes, puisque l’artiste préfère un visage laissé à nu, presque sans maquillage, sans coiffure trop travaillée1, de manière à faire ressortir l’authenticité et la beauté naturelle des femmes devant sa lentille, « quelque chose de flou qui se nomme l'émotion1 ». Il propose une nouvelle interprétation de la femme dans l’ère post-années 1980. Comme l’écrit la journaliste britannique Suzy Menkes : « Le refus de la perfection bien lisse est la marque distinctive de Peter Lindbergh : ses images plongent dans l’âme sans fard de ses sujets, peu importe leur familiarité ou leur célébrité9. »
En 1988, la série de Peter Lindbergh montrant des mannequins qu’il vient de découvrir, toutes vêtues de chemises blanches, a un immense succès international et lance la carrière de cette nouvelle génération de top-modèles. L’année suivante10[source insuffisante],11[source insuffisante] il photographie Linda Evangelista, Naomi Campbell, Tatjana Patitz, Cindy Crawford et Christy Turlington pour la couverture de l’édition de janvier 1990 du Vogue britannique, qui passera à l’histoire ; c’est la première fois que ces futures icônes de la mode sont réunies sur une photo. Lindbergh est ainsi à l’origine de ce que l’on appelle l’ère des « supermodels12 »; en effet, George Michael, s’inspirant de cette fameuse couverture, demande aux mannequins immortalisées par Lindbergh de jouer dans le vidéoclip de sa chanson Freedom! '9013. D'autres séries marqueront plus particulièrement sa carrière, telle Kate Moss en salopette pour Harper's Bazaar en 199414.
Dans une entrevue avec l’historienne de l’art Charlotte Cotton réalisée en 2008, Peter Lindbergh explique : « Il était très important de recourir à la photographie en noir et blanc pour créer le supermodèle. Chaque fois que j’essayais de photographier ces sujets en couleurs, le résultat avait l’air d’une mauvaise publicité de produits cosmétiques, parce que la beauté de ces femmes frôlait la perfection. Avec le noir et blanc, on peut vraiment voir qui elles sont. J’ai estompé l’effet commercial que la couleur donne. Ce qui est frappant avec le noir et blanc, c’est à quel point cette technique aide vraiment à communiquer une impression de réalité15[source insuffisante]. »
Il se voit confier deux éditions du calendrier Pirelli, celles de 1996 et de 2002. Cette dernière met pour la première fois en vedette des actrices et non des mannequins ; la séance de photos a lieu aux studios Universal16[source insuffisante]. La critique d’art australienne Germaine Greer décrit l’édition 2002 du calendrier Pirelli comme étant « la plus déstabilisante à ce jour17 ». Pour la première fois en cinquante ans d'histoire, le calendrier Pirelli invite Peter Lindbergh à photographier l'édition 2017, devenant ainsi le seul photographe à avoir photographié trois éditions du prestigieux calendrier18. Pour celui-ci, il réalise 27 000 photographies dans divers endroits du monde14.
Films et musique-
Fichier:Cindy Crawford stars in fashion legend Peter Lindbergh s Reunion.webm
Cindy Crawford with Peter Lindbergh The Reunion - director' cuts at Nowness.
Peter Lindbergh a réalisé divers films et documentaires acclamés par la critique : Models, The Film (1991); Inner Voices (1999), qui a remporté le prix du meilleur documentaire au Festival international du film de Toronto (TIFF) en 2000; Pina Bausch, Der Fensterputzer (2001); Everywhere at Once (2007), dont la narration était assurée par Jeanne Moreau et qui a été présenté au Festival de Cannes et au Festival du film de Tribeca en 2008.
Peter Lindbergh réalise l'image de l’affiche du film culte Les Prédateurs (1983) de Tony Scott, mettant en vedette David Bowie, Susan Sarandon et Catherine Deneuve, ainsi que pour la pochette de l’album de la bande originale. Il a également fait l’affiche du film Parle avec elle (2002) de Pedro Almodóvar, de même que celle du documentaire de Charlotte Rampling intitulé The Look (2011).
Ses photographies sont utilisées pour de nombreuses pochettes d’albums, notamment celles du single Quoi de Jane Birkin (1985) ; du single The Best (1989), du single I Don’t Wanna Lose You (1989), du single Foreign Affair (1990) et de l’album éponyme (1989), et de l’album Wildest Dreams (1996) de Tina Turner (en plus d’avoir réalisé le vidéoclip de la chanson Missing You ; de l’album The Globe Sessions et du single My Favorite Mistake de Sheryl Crow (1998); de l’album Time de Lionel Ritchie (1998) ; de l’album I am... Sasha Fierce de Beyoncé (2008) (en plus de la photographie pour les affiches promotionnelles de la tournée mondiale I am...); de l’album No Place In Heaven de Mika (2015) (en plus d’avoir réalisé le vidéoclip de la chanson The Last Party). En 2018, il photographie Britney Spears en tant qu'égérie de KENZO, pour la collection memento n°2.
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Filmographie-
1991 : Models - The Film, tourné à New York et mettant en vedette les supermodèles Linda Evangelista, Tatjana Patitz, Naomi Campbell, Cindy Crawford et Stephanie Seymour.
1999 : Inner Voices, un documentaire de 30 minutes s’intéressant à l’expression de soi dans le cadre de la méthode de Lee Strasberg, remporte le prix du meilleur documentaire au Festival international du film de Toronto (TIFF) en 2000.
2001 : Pina Bausch - Der Fensterputzer, film expérimental d’une demi-heure sur Pina Bausch, amie du photographe, produit pour Channel 4 et présenté hors festival au Festival de Cannes en 2007.
2008 : Everywhere at Once, co-réalisé avec Holly Fisher, a été présenté en première mondiale au Festival du film de Tribeca à New York. Dans cette œuvre cinématographique fascinante et vaguement troublante, soutenue par la narration de Jeanne Moreau, des photographies de Lindbergh (dont de nombreux inédits) sont filmées et entrelacées avec des extraits du film Mademoiselle de Tony Richardson.
Influences
L’œuvre de Lindbergh est inspirée du Metropolis de Fritz Lang, du Cuirassé Potemkine d’Eisenstein ainsi que des images de la Dépression de Dorothea Lange, de même que de la propre enfance de Lindbergh qui, dans les années 1950, a grandi dans la ville industrielle de Duisbourg tout près de l’aciérie Krupp, laquelle se trouvait juste de l’autre côté du Rhin. L’œuvre de Lindbergh, consacrée par ses séries de photos de mode à caractère narratif, est réputée pour les portraits simples et révélateurs réalisés par le photographe, ses natures mortes, et les fortes influences du vieux cinéma allemand, des quartiers industriels de l’époque de son enfance, de la danse et des cabarets, mais aussi des paysages et du cosmos qui empreignent ses photographies.
Livres-
Son premier livre, 10 Women by Peter Lindbergh, collection de photos en noir et blanc de dix mannequins contemporains (Kate Moss, Christy Turlington, Linda Evangelista, Cindy Crawford, Amber Valletta, Naomi Campbell, Helena Christensen, Claudia Schiffer, Kristen McMenamy et Tatjana Patitz, est publié en 1996 et, en 2008, les ventes dépassent les 100 000 exemplaires24[i]. Lindbergh collabore à de nombreux projets spéciaux, entre autres deux éditions complètes du Vogue entièrement consacrées à ses images, dont l’une marquait le 30e anniversaire du Vogue Allemagne. Trois numéros spéciaux de Stern sont entièrement consacrés à des séries tirées l’œuvre de Peter Lindbergh. En 2014, Reporters Sans Frontières, organisme sans but lucratif jouant un rôle de consultant auprès de l’Organisation des Nations unies et de l’UNESCO, invite Peter Lindbergh à créer un magazine illustré avec ses photos afin de promouvoir la liberté de presse et l’accès à l’information.
1996 : 10 Women by Peter Lindbergh, avant-propos de Karl Lagerfeld, publié par Schirmer/Mosel. (ISBN 978-3-8238-1416-0)
1997 : Images of Women, par Peter Lindbergh, présentation de Martin Harrison, publié par Schirmer/Mosel. (ISBN 978-3-8296-0143-6)
1999 : Portfolio, par Peter Lindbergh, entrevue réalisée par Antonio Ria, publié par Assouline. (ISBN 2-84323-108-6)
2002 : Stories, par Peter Lindbergh, avant-propos de Wim Wenders, publié par Arena Editions USA. (ISBN 1-892041-64-2)
2006 : Untitled 116, par Peter Lindbergh, publié par Schirmer/Mosel. (ISBN 3-8296-0179-4)
2010 : Peter Lindbergh: Images of Women, Allemagne, Snoeck, 2008, p. 95. (ISBN 9783936859898)25. On Street, par Peter Lindbergh, publié par C/O Berlin. (ISBN 978-3-8296-0506-9)
2011 : The Unknown, par Peter Lindbergh, entrevue réalisée par Jérôme Sans, publié par Schirmer/Mosel. [6] (ISBN 978-3-8296-0544-1)
2014 : Images of Women 2, par Peter Lindbergh, introduction de Werner Spies, Wim Wenders et Peter Handke, publié par Schirmer/Mosel. (ISBN 978-3829606851)
2016 : A Different History of Fashion by Peter Lindbergh, introduction de Thierry-Maxime Loriot, publié par Taschen, 524p. (ISBN 978-3-8365-5282-0)26.
2017 : Peter Lindbergh. Shadows on the Wall, publié par Taschen, 292p. (ISBN 978-3-8365-6937-
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Projets spéciaux
1996 : Stern Fotografie - Smoking Women - Portfolio No 5, par Peter Lindbergh, Te Neues. (ISBN 978-3570122990)
2002 : Stern Fotografie - Invasion - Portfolio No 29, par Peter Lindbergh, Te Neues. (ISBN 978-3570193471)
2006 : I Grandi Fotografi of Corriere Della Sera, par Peter Lindbergh (dans le cadre de la série avec Man Ray, Robert Mapplethorpe, Helmut Newton et Henri Cartier-Bresson)
2007 : Stern Fotografie Portfolio No 47, par Peter Lindbergh, Te Neues. (ISBN 978-3-570-19733-2)
2009 : Vogue Allemagne, édition 30e anniversaire, par Peter Lindbergh, octobre 2009, Condé Nast.
2010 : Vogue Espagne, édition spéciale, par Peter Lindbergh, décembre 2010, Condé Nast.
2014 : Peter Lindbergh :100 photos pour la liberté de la presse. Reporters Sans Frontières. (ISBN 978-2362200267)
2017 : Calendrier Pirelli
Prix et nominations
1996 : Lindbergh reçoit le prix de la fondation Raymond Loewy27.
2014 : Les nombreuses contributions de Peter Lindbergh à la sensibilisation au sida sont soulignées lors du gala annuel de l’amfAR à New York, au Cipriani Wall Street, avec celles de l’activiste Vanessa Redgrave. Robin Wright lui remet sa récompense en soulignant l’extraordinaire générosité du photographe envers l’amfAR. Le trophée en question était exposé ce soir-là aux côtés de deux lots dont Lindbergh avait fait don pour la vente aux enchères tenue à cette occasion. Dans son discours de remerciement, Lindbergh rend hommage à Vanessa Redgrave, elle aussi honorée lors de ce gala, en lui adressant ces mots : « Votre vie m’a appris combien il est important de défendre ce en quoi l’on croit.28 ».
WikiLink-
https://fr.wikipedia.org/wiki/Peter_Lindbergh
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Crédit Photo :
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/9/95/Peter_Lindbergh%2C_New_York%2C_2016_%28%C2%A9_Stefan_Rappo%29.jpg
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